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Michel Neyret : des comités de soutien encombrants

Ils multiplient les actions sur le net, pétitions en ligne, pages Facebook et billets rageurs sur leurs blogs. Des groupes de soutien se sont instantanément formés lorsque l’ex-numéro 2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, a été incarcéré, il y a deux mois. Hyperactifs, ils agacent les avocats du « plus grand flic de France », qui se passeraient bien de cette ingérence.

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Michel Neyret
Crédit photo : Maxppp

« Laissez-le sortir pour les fêtes de Noël », réclame un message posté sur une page Facebook dédiée à Michel Neyret, mis en examen pour « corruption » et « trafic de stupéfiants ». L’un des membres de ces collectifs « amicaux », animés pour la plupart par des policiers en poste et à la retraite, a même récemment plaidé pour qu’une enquête soit ouverte sur une éventuelle « violation du dossier d’instruction ». Des éléments de l’affaire n’ont cessé de paraître dans la presse, la transformant en véritable feuilleton. Le contenu d’écoutes téléphoniques à charge a déjà été révélé, et notamment les propos de Nicole Neyret, épouse du policier, qu’elle aurait qualifié de « véreux ».

Si ces fuites sont dénoncées par les « amis » du détenu et flinguent la maîtrise de la communication des avocats de Neyret, ces derniers sont au moins aussi agacés par les prises de position publiques des comités de soutien. Gabriel Versini-Bullara, avocat habituel des forces de police, qui travaille en duo avec Yves Sauvayre sur le dossier lyonnais de l’année, est loin de s’associer à la démarche du collectif.

« J’apprends que d’aucuns voudraient faire ceci, faire cela, aux dernières nouvelles, ce sont les intervenants judiciaires qui décident. Et plus encore, ce sont les magistrats. Qu’on laisse les gens travailler sereinement ! Nous savons ce que nous avons à faire, nous n’avons pas besoin des directives, des ordres, des instructions, d’un quelconque comité de soutien. Qu’il existe c’est très bien, pour Monsieur Neyret. Même si lui aussi aurait préféré être informé au préalable. »

L’énervement est à peine dissimulé.

« Nous leur avons dit Yves Sauvayre et moi ce que nous pensions, du fait que nous ayons été mis devant le fait accompli, et plus encore que Monsieur Neyret ait été mis devant le fait accompli. Il eût été beaucoup plus judicieux de prendre attache avec les avocats pour savoir s’il y avait opportunité ou non de créer un comité de soutien. Nous avons dit ce que nous avions à dire à ces gens-là. »

 

Une demande de mise en liberté dans les prochains jours

Les sorties des membres soutenants sont d’autant plus embarrassantes pour les avocats qu’elles créent une sorte de cacophonie. Une pétition a été mise en ligne par le comité de soutien le plus actif, réclamant la libération du commissaire. Et de son côté, Gabriel Versini indique :

« Michel Neyret attend d’être auditionné par les magistrats instructeurs parisiens pour s’expliquer plus encore sur ce qui lui est reproché, et consécutivement à cette audition, vraisemblablement, nous serons amenés à déposer une demande de mise en liberté pour lui ».

D’après nos informations, l’ex-commissaire divisionnaire pourrait être convoqué le 20 décembre prochain. En attendant, Michel Neyret reçoit la visite de ses avocats chaque semaine à la prison de la Santé.

 

Un boulot discrédité ?

Si certains policiers se sont organisés pour manifester leur solidarité, d’autres sont plus amers et regrettent que cette affaire Neyret ait pu jeter le discrédit sur la police de Lyon. Le « plus grand flic de France », comme le surnomment ses soutiens, a malgré sa mise en examen effectué son job au cours d’une sortie exceptionnelle le 1er décembre. Michel Neyret a quitté sa cellule de la prison de la Santé pour témoigner dans le procès d’un braquage, devant la cour d’assises de Saint-Etienne.

En tant qu’ancien chef de la brigade de recherche et d’intervention, Michel Neyret a mené une quantité de procédures, et plusieurs dossiers actuellement à l’instruction ont été montés d’après son témoignage. En prenant en charge sa défense, ses avocats pourraient se retrouver submergés par de singulières requêtes.

Hervé Banbanaste, avocat de Toni Musulin a, le premier, émis des suspicions sur la disparition d’une partie du butin, sous-entendant que Neyret pourrait être en possession des billets manquants, sur la somme totale dérobée par le convoyeur de fonds.

Blasés par ce qu’ils considèrent être de « l’opportunisme », les avocats de Neyret s’attendent à devoir défendre éventuellement le travail de l’inspecteur, dans un second temps et en marge des explications qu’ils devront avancer sur les cadeaux offerts par des truands au commissaire.

« Le commissaire Neyret n’a pas traité uniquement l’affaire Musulin, il en a traitées des centaines et des centaines, cela voudrait dire que nombre de confrères pourraient dire potentiellement : oui mais dans cette procédure, c’est Neyret qui a été le directeur d’enquête, en conséquence de quoi on va demander à ce qu’il soit auditionné, on va développer des requêtes en nullité, ou je ne sais quoi… Je doute que la Justice prenne cette direction. Mais je ne suis pas magistrat. »

 

Aller plus loin

la détention de Neyret ne soit pas prolongée.

Les écoutes téléphoniques qui accablent Michel Neyret.


#Lyon

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