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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

C’est le stade des Lumières, là-bas, dans le noir ?

Grosse charge d’adrénaline hier pour le maire de Lyon, Gérard Collomb : l’Olympique lyonnais s’est qualifié en Ligue des Champions en réalisant une performance surréaliste et, succès plus discret, la dernière enquête publique liée à la construction d’un Grand Stade à Décines est enfin sortie. Et elle est favorable. Coup d’envoi pour le chantier du millénaire ? Pas sûr.

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Nouveau stade de Lyon

La neuvième et dernière enquête publique relative à la construction d’un Grand Stade pour l’OL, à Décines, ne présente que peu de réserves. Une voie royale pour Gérard Collomb qui, en tant que président du Grand Lyon, va s’empresser de faire voter la révision du plan local d’urbanisme de Décines, et demander un permis de construire. Mais rien n’est joué, car les opposants au projet ne désarment pas. La question des accès à ce grand complexe, comprenant stade, pôle de loisirs et hôtellerie, risque de ralentir encore le processus. Le bébé de Gérard Collomb et de Jean-Michel Aulas, président de l’OL, divise comme peu d’autres projets de l’agglomération.

 

Décines, plus adapté que Gerland

L’avis favorable donné par le commissaire enquêteur est « une mauvaise nouvelle » pour les opposants au Grand Stade, en partie réunis au sein de l’association Carton Rouge. Son président, Franck Buronfosse, est en train de battre le pavé : il veut réunir suffisamment de signatures auprès des Décinois, pour demander un référendum. Il lui en faut 3000. Au bout d’une quinzaine de jours de porte-à-porte, il en a récolté 800. Carton Rouge a aussi lancé sept recours devant la Justice contre ce projet qui n’a cessé d’être repoussé. Mais aucune de ces procédures n’est suspensive. Et si le commissaire enquêteur estime qu’un projet est faisable à Gerland, comme le réclame Carton Rouge et d’autres associations, il trouve quand même que Décines est idéal :

L’importance de l’équipement envisagé, sa qualité architecturale, sa capacité de 60 000 places, le mettent au niveau des stades européens des grandes agglomérations et doivent permettre à l’Olympique Lyonnais d’obtenir les moyens de son développement et donc d’assurer sa pérennité. La surface de terrain disponible à Décines permet la réalisation d’un stade conforme aux standards modernes actuels en vigueur dans les plus grandes nations footballistiques dont la France doit s’inspirer si elle veut garder (ou reconquérir) un certain rang.

 

Le financement en question…

« Il s’agit d’un projet exemplaire, car financé par le privé, et c’est le sens de l’histoire ».

C’est le discours que tient Jean-Michel Aulas à qui veut l’entendre. Mais c’est sans compter les voies d’accès au Stade de Décines, qui constituent le point crucial des débats, car ils engagent des fonds publics. Gérard Collomb a promis qu’en tout, le projet ne coûterait pas plus de 200 millions d’euros à la collectivité. L’association Carton Rouge a calculé de son côté au moins le double pour réaliser les aménagements nécessaires. Dans la guerre des chiffres, une bataille très difficile reste à mener pour ceux qui se présentent comme des bâtisseurs visionnaires : racheter les terrains agricoles avoisinant le Montout (terrain de Décines), pour construire les voies d’accès indispensables pour accéder au stade, en voiture et en transports en commun.

Pour le moment, le Grand Lyon imagine obtenir ces espaces pour 1 euro le mètre carré. Etienne Tête, ancien adjoint écologiste viré par Collomb, opposant historique du Grand Stade, et avocat de plusieurs propriétaires des terrains en question, s’indigne :

« C’est scandaleux, c’est de la spoliation. Ces terrains agricoles vont devenir constructibles dès qu’ils seront achetés par le Grand Lyon et valent donc beaucoup plus : c’est du vol. »

Les propriétaires concernés par le projet n’imaginent pas vendre les terrains à moins de 40 euros ou 50 euros le mètre carré. Ce qui sale sérieusement la note éventuelle du Grand Lyon. Mais quelle que soit la somme, pour les opposants, cette dépense d’argent public est injustifiable.

 

Le New deal à la lyonnaise

Gérard Collomb va consacrer la majeure partie du conseil communautaire de lundi prochain à une commission intitulée : « Stade des Lumières: une dynamique au service d’un territoire ». Il s’agira de convaincre l’assemblée du « dynamisme économique engagé sur l’est lyonnais grâce à la réalisation de cet équipement reconnu d’intérêt général. »

En effet, l’un des arguments-chocs des détracteurs est celui des retombées financières d’un tel projet : les sou-sous vont tomber dans les po-poches de Jean-Michel Aulas et de son club. Pour Gérard Collomb, qui dit Grand Stade, dit aussi vaste chantier. En Roosevelt lyonnais, qui programme l’investissement dans de grands travaux pour relancer l’économie, le président du Grand Lyon a intégré ce projet dans son New Deal. Et en dehors de la phase de construction, le Stade des Lumières doit aussi rapporter à la collectivité. C’est ce que rappelle l’enquête publique qui affirme :

  • La Commission approuve totalement cette stratégie de développement et note avec satisfaction que les investissements réalisés seront globalement financièrement compensés pour la collectivité par les recettes fiscales générées par l’opération par le biais des charges patronales et salariales, et par la perception de diverses taxes d’exploitation du stade ;
  • Les créations d’emplois, en période économiquement difficile, même si la Commission reconnait que certains ne seront que temporaires et/ou précaires : le chantier dont la durée est évaluée à environ 2 ans permettra, selon le pétitionnaire, de donner du travail pour 1 000 à 1 500 personnes dans le secteur du BTP ;
  • En phase d’exploitation, en plus des 220 emplois transférés de Gerland, les créations nouvelles de temps plein sont évaluées à une cinquantaine et les emplois temporaires entre 800 et 1 000 ;
  • La renommée qui sera apportée à la ville de Décines, voire le supplément de renommée apporté à la ville de Lyon et à l’agglomération lyonnaise dans son ensemble qui bénéficieront de retombées économiques directes et indirectes dues à l’exploitation du stade.

Jean-Michel Aulas jurait en lançant le projet que les grues seraient posées sur le terrain du Montout, à Décines, en 2010. Deux ans plus tard, pas de trace du chantier qui, s’il doit enfin être lancé, a intérêt à être mené à la baguette pour que la machine sorte de terre à temps, pour l’Euro 2016.

 

Aller plus loin

Le Grand Stade déclaré d’intérêt général sur le Progrès

Le document intégral sur la dernière enquête publique favorable disponible ici

Un documentaire radio : À ce stade, Lyon ne répond plus

 


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