Conférence de presse du préfet du Rhône le 16 novembre 2011
Tout d’abord, les Roms n’auraient pas occupé le centre social à la suite d’une expulsion. Ils seraient partis d’eux-mêmes du terrain qu’ils squattaient rue de Surville, dans le 8e arrondissement de Lyon. « La police était là pour les contrôler, pas pour les expulser ». Le préfet a expliqué qu’il n’avait pas signé l’ordre autorisant le recours à la force publique.
Il a précisé qu’il « avait prévu de reloger les familles avec enfants », bien avant l’occupation du centre social.
Les associations persistent : il y a eu expulsion sans relogement
Jacques Dumortier, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme du Rhône, présent le matin de l’intervention de la police, donne une autre version :
« Mardi 8 novembre, la police est passée pour dire aux Roms qu’ils seraient expulsés le jeudi. Le jour prévu, je me suis rendu à 7 heures sur le terrain. Il n’y avait plus personne, plus une caravane. Quand je suis parti, j’ai croisé six à huit fourgonnettes de police qui arrivaient sur le terrain. Ils venaient pour les expulser. Et par la suite, jamais la police ne leur a pas proposé de solution de relogement, avant qu’ils n’occupent le centre social ».
Obligés de quitter le territoire pour avoir demandé un hébergement
Lors de l’expulsion du centre social, la police a distribué une dizaine d’OQTF (Obligation à quitter le territoire). Comme justification, on peut lire sur certaines d’entre elles « que l’intéressé participe à l’occupation du centre social de la commune de Vénissieux où il sollicite un hébergement d’urgence ».
Depuis le 16 juin 2011 et la dernière modification du CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), il est possible d’expulser des personnes qui sont présentes depuis moins de trois moins sur le territoire français « dans le but essentiel de bénéficier du système d’assistance sociale ».
Des Roms ont donc obtenu en même temps un avis d’expulsion de France et une place à l’hôtel. Selon les associations qui les suivent, cinq familles sont en effet relogées au moins jusqu’à dimanche.
Un préfet obligé de « réquisitionner » pour le plan froid
Michèle Picard, maire de Vénissieux (PCF), réclame depuis longtemps une table ronde sur la question rom dans l’agglomération lyonnaise. Le préfet a annoncé lors de la conférence de presse qu’il allait accéder à cette demande. Mais il ne croit guère aux bénéfices d’un tel dispositif. Pour lui, la question est ailleurs :
« J’attends surtout, pour le plan froid, que des maires me donne des terrains. J’ai eu un refus de deux maires pour installer 130 places en bungalows. Compte tenu de ces refus de permis de construire, j’ouvrirai 130 places dans les gymnases en période de grand froid ».
La préfecture n’ouvrira donc que 520 places en « dur » au lieu des 650 prévues au mois d’octobre. Actuellement, seules 200 places sont ouvertes.
Le 1er décembre, 80 places doivent être ouvertes dans une ancienne maison de retraite, « réquisitionnée » selon le terme du préfet, et 410 personnes sont toujours « sans solution » quand ils appellent le 115.
Le préfet a tenu à conclure par un exposé chiffré sur la « production de logement social qui n’a jamais été aussi élevée » et les « 5 000 personnes hébergées à Lyon par an, pour un coût de 35 millions d’euros ». Et il a martelé : « la République est bonne mère ».
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