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La chasse aux prostituées en 7 arrêtés

Le 30 septembre 2011, la Ville de Lyon a pris un septième arrêté qui étend encore la zone dans laquelle les camionnettes de prostituées ne sont plus censées pouvoir stationner. La municipalité prendra certainement un huitième arrêté quand les filles de Gerland chercheront une nouvelle fois à garer leur camionnette en dehors de la zone d’exclusion. Retour sur la politique de l’arrêté et de la camionnette en sept dates.

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  • 29 juillet 2002 : Gérard Collomb devance Nicolas Sarkozy

Le premier arrêté municipal, pris par le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, alors fraîchement élu, a anticipé de quelques mois la loi de sécurité intérieure de mars 2003. Comme elle, l’arrêté interdisait, de fait, le racolage des filles à pied en centre ville. Chassées du centre-ville, les femmes prostituées sont allées au-delà des voûtes de Perrache. D’où une concentration de prostituées dans ce secteur.

  • 10 octobre 2006 : Premier arrêté anti-camionnettes

Avec les effets de la loi de 2003 réprimant le racolage aussi bien passif qu’actif, les camionnettes se sont multipliées. En raison d’un double phénomène. Pour échapper aux contrôles de police, les filles ont été encouragées, par la police elle-même, disent certaines, à se mettre en camionnettes. Et de nombreuses parisiennes sont arrivées parce qu’elles étaient chassées du bois de Vincennes. Le maire de Lyon invente une nouvelle manière d’agir : l’arrêté anti-stationnement de camionnettes. Comprendre pour la police : camionnette de prostituée. Le premier périmètre interdit les quais Perrache et les rues adjacentes (Lyon 2e). Ce faisant, Gérard Collomb souhaite répondre aux plaintes des riverains du quartier Perrache qui insistent, tour à tour, sur la saleté, la “faune des clients” ou le bruit généré par les prostituées.

  • 30 juillet 2007 : Le préfet sarkozyste boute les camionnettes hors de Perrache

 Les plaintes des riverains arrivent sur le bureau du maire alors qu’il lance son projet urbain Confluence, nouvelle vitrine de Lyon. Autant dire que les prostituées ne correspondent pas à l’image que Gérard Collomb voudrait donner de ce quartier. Or, sous les effets du second arrêté, les camionnettes se sont toutes regroupées cours Charlemagne. On en comptait plus de 170. L’arrivée d’un nouveau préfet, Jacques Gérault après les présidentielles de 2007 a changé la donne. Ancien directeur de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, il est adepte de la manière forte. Une première opération, très médiatisée, d’évacuation par la fourrière et la police d’une dizaine de camionnettes, a été suivie par un troisième arrêté interdisant le stationnement des camionnettes sur tout le secteur de Perrache. Il est appliqué avec une grande vigueur par le préfet.

  • 20 mai 2008 : Nouveau quartier de prostitution, nouvel arrêté

Conséquence de l’arrêté, les camionnettes déménagent de l’autre côté du Rhône, à Gerland (Lyon 7e), et sur les routes nationales de la périphérie. La concentration et l’installation de camionnettes, la journée, à proximité de locaux d’activité et d’établissements scolaires suscitent une nouvelle vague de plaintes de riverains. Un arrêté est pris moins d’un an après le déménagement des camionnettes dans le sud du quartier.

  • 18 Décembre 2009 : Le préfet demande et obtient un nouvel arrêté municipal

Attaquée en justice pour son arrêté de mai 2008 concernant le sud de Gerland par une prostituée, la Ville de Lyon ne veut pas aller plus loin dans sa politique des arrêtés anti-prostitution. C’est en tout cas ce que déclare Jean-Louis Touraine, premier adjoint (PS) en charge de la question : “ça ne me paraît pas opportun d’étendre le périmètre de l’arrêté tant que la justice n’a pas pris sa décision”. Mais sous l’insistance préfectorale, Gérard Collomb accepte. Ce cinquième arrêté interdit le stationnement des camionnettes dans le triangle formé par les rue Brun, Pré Gaudry et Crépet où une trentaine de camionnettes se sont installées pour échapper aux procès verbaux (PV) et mises en fourrière.

  • 17 mai 2010 : Les biotechs ne tolèrent pas les prostituées

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour échapper aux mises en fourrière et aux PV, les personnes prostituées stationnent leur camionnette à l’extérieur du périmètre anti-prostitution, dans des zones en friche ou faiblement habitées. Les doléances des riverains et des entreprises arrivent sur le bureau du maire qui prend un arrêté excluant encore un peu plus les prostituées. Au début du mois de mars 2010, lorsque les voiries de la nouvelle zone d’activité du “Biopôle” de Gerland sont ouvertes à la circulation, des prostituées garent leur camionnette sur les parkings, à proximité de Genzyme, l’un des « dix géants » des biotechnologies. Quand les dirigeants de l’entreprise mais aussi les autres investisseurs voient les camionnettes s’installer « sous leurs fenêtres », ils prennent immédiatement le téléphone pour appeler Gérard Collomb. Après un cafouillage juridique, la mairie étend de nouveau la zone d’exclusion des camionnettes.

  • 30 septembre 2011 : Protéger les lycéens des prostituées

Toujours le même jeu de la police et de la camionnette. Quelques dizaines de prostituées ont tenté de s’établir là où il n’y avait pas d’arrêté. En l’occurrence, autour de la rue Cazeneuve (Lyon 8e), vers l’avenue Debourd et surtout à proximité de la Cité Scolaire Internationale (CSI), à Gerland (Lyon 7e). Les parents d’élèves se sont plaints et la mairie a pris un nouvel arrêté. Ce nouveau texte étend considérablement la zone d’exclusion puisque la quasi-totalité du quartier de Gerland est désormais interdite aux camionnettes et une partie de plus en plus importante de l’ouest du 8è arrondissement. Chose nouvelle, la municipalité a fait sortir de la zone d’exclusion les rues jouxtant la plaine des jeux, derrière le stade de Gerland. Le nouvel arrêté comportant cet assouplissement, aussi relatif qu’il soit, a été pris le lendemain de l’une des plus grosses manifestations organisée par des prostituées que Lyon n’ait jamais connue.


#Gérard Collomb

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