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Crédit Photo : Mickaël de Draï
Faisant écho à la croisade anti-halal de Marine Le Pen, Bruno Gollnisch nourrit à son tour un concept cher au FN, le « nationalisme de la fourchette ». Si certains établissements proposant une « nourriture exotique (…) souvent saine et savoureuse » trouvent grâce aux yeux du prof en langue et civilisation japonaises, d’autres devraient arrêter de « proliférer ».
« Nous ne nous félicitions pas de l’invasion de nos communes par des gargotes de restauration rapide américanomorphe ou d’inspiration turco-maghrébine, asiatique, dont l’expansion a suivi assez logiquement l’explosion de l’immigration », écrit-il.
Interrogé sur ses inquiétudes, le conseiller régional de Rhône-Alpes explique :
« Je pense qu’il y a un vrai problème d’acculturation. Il ne s’agit pas d’interdire telle ou telle forme de cuisine exotique, sous prétexte qu’elle est étrangère, je ne suis pas xénophobe. Ce contre quoi je m’insurge c’est soit une généralisation soit une prolifération, par exemple d’interdits alimentaires minoritaires. Contre le fait qu’une minorité impose ses interdictions à l’entourage alors qu’elles ne sont pas dans la tradition française. »
La guerre contre le kebab, le hamburger et le nem mal cuisinés, mais aussi contre les graisses saturées, finalement, chez Bruno Gollnisch, c’est aussi la lutte contre une « certaine islamisation de la France ».
Une gastronomie offensive
C’est pourquoi le député prend l’exemple de voisins européens et salue dans son billet les initiatives de plusieurs maires de communes d’Italie, qui ont radicalement interdit l’implantation d’enseignes proposant de l’ethnofood.
Cette « réalité », dans laquelle il tient à englober les Kentucky Fried Chicken et autres Mac Donald’s, pose selon lui des « problèmes de santé, de salubrité publique, au sens large du terme. » Le menu est lourd, entre le billet gastronomique, le plaidoyer pour la défense patrimoniale des centres historiques, la charge contre la mondialisation, contre la mal-bouffe et l’obésité. Julia Cseza, historienne de l’alimentation, allume les warning :
« Bruno Gollnisch fait des amalgames et ce qui est grave, finalement, c’est les liens qu’il suggère entre l’immigration, la mauvaise qualité alimentaire, et les problèmes de salubrité publique. »
La fête au cochon
« Le fait que Bruno Gollnisch parle de nourriture sur ce mode n’est pas étonnant. C’est un sujet très sensible », ajoute Julia Cseza.
Sur lequel tout le monde n’hésite d’ailleurs pas à s’exprimer. De nombreux apéros « saucisson-pinard » ont été organisés sous forme de raouts publics en France. Dans le même genre, c’est « pour une information sur le halal » et contre « l’islamisation de la France » que la Marche des cochons avait été organisée en mai dernier par les militants lyonnais du Bloc identitaire (d’abord annulée par le préfet du Rhône, et finalement maintenue sous le nom de « rassemblement pour la liberté »). Quelques mois avant, des militants identitaires affublés de masques de cochons étaient entrés de façon brutale dans un Quick de Villeurbanne, proposant des produits halal.
« On en a fait tout un plat », regrette Bruno Gollnisch (qui a le sens du jeu de mot).
« Ce sont des réactions identitaires pourtant assez pacifiques, poursuit-il. Ce que j’ai trouvé scandaleux c’est qu’on les interdise. Je pense que ce sont des actions purement symboliques. J’ai manifesté ma réprobation en participant à ces événements par deux fois, à Paris et à Strasbourg. Je n’y suis pas allé à Lyon. Vous savez, je fais de la politique, le problème de l’immigration, d’une certaine islamisation de la France qui, c’est vrai, a des répercussions y compris sur les interdits alimentaires, le problème de notre acculturation, c’est quand même autre chose ».
En effet, heureusement que les politiques, eux, élèvent le débat.
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